TDAH au travail : Une Ferrari aux freins de bicyclette, mais un bolide tout de même !

Quand Catherine Testa parle du TDAH comme d’une Ferrari avec les freins d’une bicyclette, elle met en lumière un paradoxe fascinant : un cerveau ultra-rapide, mais une régulation difficile. Une puissance cognitive qui peut déplacer des montagnes… ou foncer droit dans le mur.

Mais comment ce fonctionnement se traduit-il dans le monde du travail ? Et surtout, comment l’accompagner sans le brider ?

Les défis du quotidien

🚀 1. La pensée en arborescence : génie ou dispersion ?

Un professionnel avec TDAH ne pense pas en ligne droite. Il voit toutes les connexions possibles entre les idées et peut trouver des solutions inédites. Mais quand vient le moment de choisir, trier, structurer, c’est une autre affaire.

👉 Exemple : Un manager TDAH peut avoir dix stratégies pour résoudre un problème, mais va avoir du mal à en sélectionner une seule et s’y tenir.

💡 Le bon réflexe en accompagnement : Ne pas le forcer à “réduire” trop vite. Encadrer la réflexion en lui demandant d’expliquer chaque option avant de choisir celle qui a le plus d’impact et le plus de sens pour lui. Le TDAH a besoin de prendre du recul et de se poser.

⏳ 2. L’hyperfocus : superpouvoir ou piège ?

Le TDAH ne signifie pas "ne pas savoir se concentrer". Il signifie surtout avoir du mal à réguler son attention. Une personne TDAH peut plonger dans une tâche pendant des heures, oubliant tout le reste… même ce qui était réellement prioritaire.

👉 Exemple : Un personne TDAH peut passer une journée entière à perfectionner une présentation PowerPoint, alors qu’un dossier client urgent attend depuis des jours.

💡 Le bon réflexe en accompagnement : Ne pas simplement prôner la “gestion du temps”, mais travailler sur la gestion de l’attention. Par exemple, utiliser des timers inversés : “Quel est le minimum de temps dont tu as besoin pour cette tâche avant de passer à autre chose ?”. On aide a mieux évaluer les priorités, et on évite surtout les planifications rigides.

Accompagner un profil TDAH en bilan de compétences

Le bilan de compétences est souvent conçu pour des profils “neurotypiques” : analyse linéaire, test de personnalité standardisé, projection sur 5 ans… Autant de choses qui peuvent ne pas convenir à un cerveau TDAH.

🎯 1. L’adaptabilité, pas la rigidité

❌ Mauvais réflexe : “Il faut que tu apprennes à être plus structuré.”

✅ Bon réflexe : “Comment peux-tu utiliser TA manière de fonctionner à ton avantage ?” Oui ! On cultive l'acceptation de soi. Le TDAH se sent déjà suffisamment inadéquat pour qu'on débarque avec nos gros sabots pour lui en rajouter une couche...

👉 Exemple : Un TDAH qui s’ennuie vite peut être épanoui dans un métier à missions courtes, à forte variété ou en mode projet.

🔄 2. Du visuel et du mouvement

Les profils TDAH pensent souvent mieux en mouvement et en images.

👉 Astuce : Transformer le bilan en cartes mentales, en post-it dynamiques, en brainstorming actif plutôt qu’un simple échange verbal ou écrit. Il faut varier les supports et être attentif à son niveau d'énergie. N'hésitez pas à le questionner.

🎮 3. Une appproche expérientielle

L’ennui est l’ennemi du TDAH. Le rendre actif dans son bilan augmente l’engagement.

👉 Astuce : Rendre le parcours plus fluide, interactif et engageant pour éviter la lassitude et l’oubli. Micro-exercices de réflexion (5-10 min) : proposer des mini-exercices d’auto-analyse sur un sujet spécifique avec un temps limité.

Mind Mapping interactif : proposer un outil en ligne (comme Mindomo) avec des post-it à déplacer selon les priorités.

Feedback instantané sur ses réflexions : faire un retour oral rapide en fin de chaque séance.

Un moteur puissant… à canaliser intelligemment

Le TDAH en entreprise, ce n’est pas un “problème de concentration”. C’est un mode de fonctionnement différent, qui demande des outils adaptés. Les préjugés ont la peau dure, et les raccourcis aussi. Il faut donc se rappeler que les troubles neuroatypiques sont sur un spectre. Il existe différents niveaux d'intensité et différentes stratégies d'adaptation. Le TDAH à l'âge adulte en a généralement déjà développé un grand nombre, avec beaucoup de dextérité. Il est donc important, là aussi, d'écouter en priorité la personne - et non son trouble.

Au final :

Si, au lieu d’essayer d’installer de meilleurs freins sur la Ferrari, on apprenait simplement à mieux apprivoiser le bolide ? 🚗💨